Cette semaine, je me trouvais au Future Shop de Place Laurier, maintenant Laurier Québec. J’étais à manipuler une caméra vidéo, je m’amusais à zoomer et dezoomer dans différentes directions du magasin quand un visage apparu dans l’écran, comme il me semblait familier je me retournai et je reconnus un des mes cousins. Un autre qui se trouve être plus cousin que moi de Madanna puisqu’il est un Fortin. Je l’interpellai, poignées de main, salutations et la conversation s’est engagée et a duré assez longuement.
Sur le chemin du retour, ma femme me demanda de faire un détour par la rue Royale car elle avait repéré une nouvelle boutique d’antiquités il y a quelques temps. En entrant dans la place, j’arrive nez à nez à mon ancien voisin d’en arrière, encore le hasard. Là encore, conversation que je laissai à ma femme car mon regard venait de tomber sur une pile de 45 tours dans laquelle mes mains fébriles s’amusèrent à farfouiller. Je suis ressorti avec 8 discoboles : François D’Assis (François Bégin de Liette & François) & Michel Pagliaro, Les Chanceliers, Chantal Renaud, François Ricaud, Colette de Courval, Jean-Philippe, Bernard Laferaud et les Chats Sauvages.
Pardonnez-moi ce long préambule pas rap’ qui m’amène tout simplement par la main à vous causer retraite. Dans moins de 2 semaines, j’aurai compléter ma 4ième année… de retraite. Pas vu le temps passé, il doit m’éviter ou il m’a glissé sur le dos comme l’eau sur celui d’un connard. Je tâcherai d’être bref, court, concis, circonspect, contrairement à mon habitude. Vous avez constaté que je n’aime pas étirer la sauce et l’élastique, j’aime la brièveté, je sais que les longs palabres vous irritent et vous agacent, que vous aimez le chemin le plus court. Évitons les zigzags inutiles, allons droit au but. Sinon vous risquez de vous lasser et vous direz peut-être, mais qui c’est ce zouf ? Pour qui se prend-il ? Où s’en va-t-il avec ses gros sabots ? Qui est ce jeanpeupu ? Ce hyménarve ? Ce phètletèrekekun ? Ce fèlédlapheuille ?
Si c’est ce que vous avez à l’esprit à cet instant-ci présent, le futur est simple, vous passez directement à l’étage « Divertissement » situé quelques planchers cirés plus bas. Mon intention n’est pas de vous casser les oreilles… les yeux.
Vous vous dites sans doute : « Si j’aurais su, j’aurais pas lu ». Eh ben trop tard vous êtes pris dans l’engrenage. Le moteur s’est emballé, les freins ont lâché, plus moyen d’arrêter. Le cheval a pris le mord aux dents, j’ai laché les cordeaux. Wo back la grise ! Respirons par les naseaux ! Doux doux mon pitou !
J’ai pris officiellement ma retraite le 1er août 2003, mais je n’ai quitté le travail que le 26 septembre because la madame qui devait me remplacer ne pouvait quitter le poste qu’elle occupait avant cette date. Mon poste ne lui a pas porté chance car un mois après être entrée en fonction, elle fit une vilaine chute dans des circonstances sur lesquelles je n’élaborerai pas plus longuement car je ne voudrais pas que vous croyez que j’étire un peu le temps à vous raconter toutes sortes de bobards qui ont plus ou moins rapport avec la suite des évènements, suis-je assez bref et me suis-je bien fait comprendre ? Je ne suis pas du genre à m’éterniser sur un sujet. Suite à cette chute, elle se blessa assez grièvment pour être en arrêt de travail durant 2 ans.
Bon, sortons les chaînes, autrement dit, enchaînons !
Fin octobre, on souligna mon départ et celui de deux autres personnes faisant partie de mon service par une petite réception dans un bar de Québec. Drôle de choix me direz-vous ? Drôle de choix que je vous répondrai. Petit discours de mon directeur de service, remise d’une montre et beaucoup d’autres bla-bla-bla. Bye bye et à la prochaine.
Non, non, je ne conclus pas là-dessus, c’était la fin de l’hommage aux disparus.
Chaque année, notre bureau organisait un party de Noël et comme j’avais travaillé une bonne partie de l’année, je fus invité à y participer une dernière fois. Je n’avais pas envoyé (volontairement) de carte pour remercier tous mes consoeurs et confrères de travail, car je voulais profiter de cette occasion pour le faire. Et je ne voulais le faire en leur récitant un petit discours. Je le fis en leur gravant un cd. Pas un cd de moi-même, je ne suis pas meilleur chanteur qu’orateur. Un cd intitulé « Merci » interprété par une chorale de chanteurs aussi connus que Michel Fugain, Charles Aznavour, Les Classels, Adamo, Gainsbourg, les Sultans, Bel Canto, Jean Ferrat, Gilbert Bécaud, Jean-Pierre Ferland, Willie Lamothe, Fernand Gignac, Pétula Clark, Alain Barrière, Pierre Létourneau, Diane Dufresne et Alain Morisod & Sweet People. J’y avais mis le paquet, je vous laisse imager combien le tout m’a coûté en cachets… pour les mots de tête que le montage m’a donné.
Évidemment toutes les personnes présentes ignoraient mes intentions. Après un petit boniment du directeur qui offrit ses meilleurs vœux à tous pour les Fêtes et la Nouvelle Année, je demandai le silence et je leur expliquai, après avoir mis mon cd dans le lecteur cd, que je ne ferais pas de discours, mais que je leur ferais plutôt écouter ceci :
Merci !Le silence se fit dans la place et tous écoutèrent, oserai-je dire, religieusement. Placé dans le contexte, l’émotion était vive auprès de certains et de moi-même. Je me souviens qu’un des coordonnateurs qui prenait sa retraite prochainement, me montrait son bras en me faisant signe que les poils lui dressaient sur le corps.
J’avais fait une dizaine de copies du cd au cas où certains en auraient voulu une. J’en ai manqué. Je pris les commandes de ceux qui en désiraient aussi. Sur la trentaine de personne à la reception, tous en voulaient une. Après le congé des Fêtes, on me demanda si je pouvais encore revenir quelques temps à mon poste pour remplacer la personne qui me remplaçait. Après un mois de labeur acharné, on m’offrit de continuer. Je répondis que s’il trouvait quelqu’un d’autre, je lui cédais la place volontiers. Le vendredi suivant je quittais définitivement mon emploi.
Depuis 4 ans, il y a une personne qui attend une copie du cd, elle était absente au party de Noël. Je suis retourné à plusieurs reprises revoir la gang et chaque fois que je l’ai croisée, elle me demande gentiment si j’ai enfin son cd. Jusqu’à ce jour, elle l’attend toujours. Je vais profiter de l’occasion pour lui faire sa fameuse copie, et pour me faire pardonner je vais lui ajouter un petit bonus. Je lui graverai au complet toutes les pièces que j’ai utilisées pour mon petit montage. Je vous en ferai profiter également.
À l’écoute de la pièce « Merci », il se peut que vous ne compreniez pas tous les mots. Alors pour vous faciliter une bonne compréhension, je me donne la peine, je suis si vailant, d’écrire la phrase, le mot et parfois une partie de mot qui m’ont servi à ce travail de moine ainsi que leur provenance.
ÉTAGE « DIVERTISSEMENT »
Attention mesdames et messieurs dans un instant on va commencer : Michel Fugain, la
FêteMais : Charles Aznavour, Désormais (seulement le mais, la toune plus bas)
Avant: Les Classels,
Avant de me dire adieuJe voudrais: Daniel Lavoie,
Je voudrais voir New-YorkVous: Adamo,
Vous permettez MonsieurDire que je m’en vais: Serge Gainsbourg,
Je suis venu te dire que je m’en vaisVas-t-en, vas-t-en: Les Sultans,
Vas-t-enJe m’en vais : après 4 ans, me souviens plus qui chantait celle-là
N’attentons pas qu’il soir trop tard: Les Classels,
N’attendons pas qu’il soit trop tardMais quand : Les Bel Canto,
Quand reviendra-tu ?L’heure de la retraite sonne : Jean Ferrat,
La montagneIl faut savoir: Charles Aznavour,
Il faut savoirS’retirer : Dans la chanson précédente, il chante quelque part : « Quand le malheur s’est retiré », j’ai dû triturer le « s’est » pour en arriver à « s »
Et maintenant que vais-je faire de tout ce temps ? : Gilbert Bécaud,
Et maintenantEnvoye, envoye à maison : Jean-Pierre Ferland,
Envoye à maisonDésormais : Charles Aznavour,
DésormaisJe suis seul, seul, je suis seul : Les Bel Canto,
SeulDans ma petite maison : Bobby Hachey, Dans ma belle petite maison, on peut la trouver dans le message précédente
Avec : me souviens plus où je l’ai pris
Bonhomme : Fernand Gignac, Le bonhomme de neige, chanson de Noël pas de saison
Je n’aurai pas le temps de tout faire : Michel Fugain,
Je n’aurai pas le tempsN’est-ce pas merveilleux : Adamo,
N’est-ce pas merveilleux ?J’ai l’impression d’être en vacances : Pétula Clark,
Je me sens bien auprès de toiPour la dernière fois, pour la dernière fois : Alain Barrière,
Pour la dernière foisAu revoir : Alain Morisod & Sweet People : Au revoir (voir plus bas)
Suit alors une série de prénoms qui font référence aux prénoms de mes partenaires dont je ne tiens pas compte ici jusqu’au dernier prénom, car celui-ci a une signification particulière.
Et surtout, et surtout : Diane Dufresne,
En écoutant Elton JohnMerci : Charles Aznavour,
Merci Madame la vieMaurice : Pierre Létourneau,
Maurice RichardSi : Sais pas où je l’ai piqué
Je suis encore vivant, c’est de vous redire très humblement merci : Charles Aznavour, Merci Madame la vie (voir plus haut).
Faut que je vous explique pourquoi je remercie ainsi ce Maurice. Là on devient sérieux. Je m’excuse d’en rajouter encore, mais j’insiste.
Maurice n’était pas un employé de la commission scolaire, il travaillait pour un organisme à but non-lucratif qui recyclait les vieux ordinateurs qui avait leurs locaux dans notre bâtisse. Maurice ne dinait jamais à notre cuisine parce, qu’en général, elle était pleine, il y en avait une autre au 2e étage et il avait pris l’habitude d’aller y casser la croûte. Moi, j’attendais vers 12h30 pour aller dîner, la salle étant moins achalandée. Un midi, j’y entre et je constate que Maurice est assis de dos au bout de la grande table dont toutes les chaises sont occupées. Je sors mon lunch du frigo, je mets mon poulet à chauffer au micro-ondes et j’apporte ma salade à la petite table libre au fond. Je reste debout, j’ouvre mon plat à salade composée de différents légumes dont des feuilles d’épinard. Je commence à piger dedans avec ma fourchette et c’est ici que le drame se produisit. Sans comprendre pourquoi, je m’aperçois que je ne peux plus respirer. Peu importe les efforts que je fais, l’air ne se rend plus à mes poumons. Personne n’a conscience de la situation. Je me voyais mourir. Maurice était de profil à moi, j’eus alors l’idée que lui flanquer une bonne tape dans le dos. Il eut un sursaut et se tourna vivement vers moi, je lui indiquais ma gorge du doigt. Il réagit immédiatement. Il me retourna et me fit les manœuvres à faire dans ces circonstances. Au troisième coup, la feuille d’épinard qui s’était ouverte comme un parachute dans ma gorge fut expulsée de mon œsophage. Je me remis à respirer normalement.
Voilà pourquoi je tiens à dire un merci sincère à Maurice Martel. Serais-je mort ce jour-là s’il n’a pas su comment réagir ? Dans une situation pareille, tu en meurs ou tu restes fou.
Par après j’ai demandé à Maurice pourquoi il était venu dîner en bas plutôt qu’en haut. Il m’expliqua que la gang était allée fêter quelqu’un au restaurant et qu’il n’aimait pas manger seul. Heureux hasard !
La dernière partie est très facile à suivre et extraite elle aussi de « Au revoir » d’Alain Morisod & Son Doux Peuple.
Je félicite ceux qui ont eu la patience de me lire jusqu’au boutte, vous m’envoyez vos noms et adresses, je vous réserve une place de choix sur mon testament.
Le temps m’oppresse un peu. Demain, départ pour mon village natal : Petit-Saguenay que j’ai quitté il y a bien 45 ans, mais que j’aime retrouver de temps en temps. Je m’excuse de me couper la parole, j’aurai bien aimer vous parler un peu plus de mon chien Bonhomme d’abord, de la clôture à refaire, des fenêtres à retaper, du gazon à tondre, de mon gâteau à la vanille avec glaçage au café, de ma recette du bonheur, de ma verrue plantaire, de mes problèmes de sinus, des voisins qui font trop de bruit, du monsieur qui passe devant le maison depuis plusieurs matins en toussant en s’en arracher les poumons, des fourmis dans la chambre en bas, du logiciel « Magic Audio Cleaning » que je viens d’acquérir qui me semble assez compliqué merci, de Brian Setzer Orchestra qui joue présentement pour mon bon plaisir « Let It Snow ! Let It Snow ! Let It Snow ! », des autres personnes que le hasard a mis encore en travers de ma route hier et aujourd’hui et du souper chez Normandin pour souligner l’anniversaire de ma fille Émilie qui fête ses 25 ans aujourd’hui. Vous comprenez pourquoi je dois mettre fin à ce court entrefilet. Au plaisir de vous revoir, enfin façon de parler… de vous retrouver alors ?
Je me demande si je vais me donner la peine de me relire. Tout à coup, j’aurais oublié des choses zimportantes zé zurgentes à porter à votre connaissance comme le dirait Thodore. Comme le dit une chanson de je ne sais trop plus qui : « Je n’aurai pas le temps de tous faire ».
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